La Maison des Comoni - La culture au cœur du projet


On apprend dans le bulletin Le REVEST LES EAUX magazine N°8  janvier à juin 2000 qu’un référendum a été soumis au vote des Revestois en 1979 sur la construction d’une salle polyvalente. Mais ce n’est qu’en  mars 1987 que le projet est repris. Le terme de salle polyvalente est abandonné et le maire et les élus s’interrogent sur la destination finale de la salle. Jacques Rullier, conseiller municipal de 1976 à 1983, puis adjoint au Maire de 1983 à 1995, interviewé le jeudi 23 avril 2015 parle de Jean-Claude Grosse en ces termes :

 

En 83 JC.Grosse est entré au conseil, on a vu débarquer un OVNI qui nous a parlé de théâtre comme personne. Il bousculait tous les codes établis en terme de théâtre, et réussit à convaincre le Conseil Municipal de passer du théâtre de commande, que j'assimile à du prêt-à-porter culturel, à un Théâtre de création qui embrassait toute la chaîne, de l'écriture de la pièce en passant par la mise en scène, la production et les représentations. Il a donc fallu convaincre le conseil municipal qui était hostile à la construction d’une salle de spectacle, ainsi que le village. Mais le Conseil Municipal de l'époque devait se rendre à l'évidence, Jean-Claude obtenait pour son action culturelle des subventions croisées, Département, Région, État, DRAC, ce qui représentait des retombées énormes en terme d'image pour Le Revest. Les gens acceptaient la peinture qui avait déjà acquis ses lettres de noblesse, mais le théâtre n’était pas compris. C’était un projet surdimensionné pour la commune. Déjà les spectacles qu’il avait donnés au Revest comme Clepsydre, Marie des brumes… Le Revest était devenu le pôle culturel de l’agglomération. Il jouait au Château de Dardennes, au pied de la Tour, au Stade de la colline, dans les oliviers, dans les rues du village. Il nous fallait une salle! »

 

JC. Grosse explique aussi : « Lors du mandat municipal de 83/89 a été évoquée la possibilité de créer une salle polyvalente. C’était la mode à l’époque comme la salle Gérard Philippe de La Garde où on faisait un peu de tout, des expositions mais pas de théâtre ».

 

Le festival du Revest avait déjà 5 ans. JC. Grosse explique les débuts de l’association « Les 4 saisons du Revest » dans un livre « De l’impasse à la traverse, un parcours artistique vivant, les 20 ans des 4 saisons du Revest », publié en 2003 par les Cahiers de l’Egaré. « Un concours d’architecte a été lancé pour une salle polyvalente. J’ai suggéré au Maire, Charles Vidal que ce ne soit plus une salle polyvalente mais un équipement culturel. »

 

Dans le n° 17 d’Information communale de juin 1987, une interview de JC. Grosse expose la politique culturelle de la municipalité et les besoins en terme de lieu d’accueil tant au niveau de la peinture que du théâtre :

«  (Nous) avons un problème de lieu. Pour avoir une politique culturelle permanente et pas seulement estivale, il nous faut (…) une Maison des Arts pour y organiser de grandes manifestations. Or pour la construire, nous devons être subventionnés. Nous ne serons subventionnés que si nous avons un projet d’utilisation très convaincant car bien sûr, nous ne sommes pas les seuls à vouloir jouer la carte  culture. »

 

Extrait n°18 septembre 1987 : « Une grande salle devenue indispensable. Nous nous en sommes bien aperçus lors de la biennale de peinture qui ne peut plus évoluer, malgré sa haute qualité, faute d’un local plus grand. Nous avons regretté son absence aussi lorsque le mistral a obligé d’interrompre le gala de l’école de danse. (…) »

A noter que le terme de salle polyvalente n’est plus d’actualité. Parfois on lit maison des « Arts » même si dans les bulletins municipaux une commission « salle polyvalente » est créée. Est-ce pour ne pas heurter les conseillers municipaux « hostiles » ? Ou pour ne pas se mettre à dos la population ? Car il y a comme un hiatus, une incompréhension entre le festival de théâtre et le village.

 

Extrait n°18 septembre 1987 : p 11 rubrique spectacles  «  Le Festival de la Tour. On aime ou l’on n’aime pas mais il faut apprécier cependant l’effort réalisé et louer le jeu des artistes. (…) Le résultat n’a peut-être pas été ressenti au même titre à l’intérieur qu’à l’extérieur de la commune. (…) le proverbe est bien vrai « nul n’est prophète en son pays (…) ».

 

Les architectes désignés, Bordes et Duchier, du Cabinet Dravet lauréat du concours, planchent et ont pour mission de « proposer un projet en le rendant plus léger(?) » sans autres précisions dans les comptes rendus des bulletins de l’information communale. Et en septembre 1987, les conseillers membres de la commission  « salle polyvalente » donnent leur accord pour déposer un permis de construire. Le bulletin rappelle que les 3 salles constituant l’ensemble « seront utilisées à des usages multiples y compris la possibilité de locations. » Aucune autre précision.

 

Dans le bulletin de septembre 1988 (soit un an plus tard) on lit ceci : « En principe tout arrive. Même la salle polyvalente car d’après le programme établi au cours de la réunion du 1er septembre avec le Responsable pour la salle de la DDE et le représentant des architectes auteurs du projet, les travaux devraient débuter dans le courant du mois de janvier 1989, après les adjudications. Acceptons en l’augure. »
Dans le même numéro,  il est rapporté que le Conseil Municipal « donne un accord de principe pour l’acquisition de l’importante collection de monnaies proposée à des conditions particulièrement intéressantes après expertise, par M. Lacroix qui l’a réalisée. » Nul doute que cette collection devait prendre toute sa place dans la future structure.

Et c’est le 9 mars 1989, 3 jours avant les élections, que la 1ère pierre est posée. Pose de la première Pierre des Comoni


Mais le bulletin du 24 mars 1989, qui illustre la cérémonie parle toujours de « salle polyvalente » :

« C’est la première pierre de la salle polyvalente qu’on désespérait depuis autant d’années de voir poser un jour. »
D’après le témoignage de JC.Grosse, le projet d’un centre culturel s’est affiné tout au long des travaux. Pourtant, dans le Budget prévisionnel de 1987, on trouve déjà des propositions d’achats de gradins, de projecteurs, d’un plancher de 70m2.

« Les travaux ont d’ailleurs été interrompus durant 3 semaines pour imaginer installer une régie et le passage des câbles nécessaire à l’aménagement d’un espace théâtral ». Entretien avec JC.Grosse du 5 mars 2015.

 

Devant la tournure que prennent les travaux, certains adjoints se désolidarisent du projet et refusent de s’en occuper. Entretien avec J.Fenassile du 29 avril 2015 : «  Nous (J.Fenassile, J.C Grosse, C.Aude) voulions une salle de spectacle ouverte sur l’aire toulonnaise. Certains adjoints n’ont  plus voulu s’en occuper. Charles Vidal, m’a demandé de  restructurer les plans avec l’architecte pour en faire une salle de spectacle, la future Maison des Comoni. Il était prévu de créer plusieurs pôles : pôle art plastique, pôle polyvalent, pôle musée, pôle spectacle avec une scène rétractable, des gradins escamotables. Entre temps nous avions acheté la collection des monnaies, il a fallu trouver des volumes supplémentaires. Mais d’abord il a fallu suivre la construction. Et évidemment les coûts ont été majorés. L’argent de la construction et de l’équipement c’est moi qui l’ai négocié. J’assurais toutes les réunions de chantiers. On a été les pionniers dans le département. Ensuite les autres ont copié sur nous »


 

 

Source : interview du 4 mars 2016 sur TV83.info

 

Le 27 septembre une réception en mairie finalise la vente de la collection des monnaies pour un montant de 520.000 Francs, payables « en 10 annuités sans intérêt et indexées sur l’INSEE ».(bulletin n°27 sept/oct 1989).

 

Enfin, c’est dans le bulletin n°30 de mars/avril 1990 que le nom de la future salle est  enfin dévoilé, mais toujours rien sur sa destination :  Ce sera « La maison des Comoni »

Nous avons alors pensé que les premiers habitants du Revest méritaient mieux qu’un nom sur une longue liste de vaincus et c’est pourquoi en séance de travail nous avons décidé, le 10 avril 1990, que ce que nous nommions jusqu’ici salle polyvalente deviendra dés la prochaine réunion publique du Conseil Municipal « La Maison des Comoni ».  Charles Vidal

 

Inauguration de la Maison des Comoni

L’inauguration de la salle a lieu  le 16 juin 1990. Un court édito du Maire, une photo le représentant au milieu des édiles du Conseil Général et de Toulon coupant le ruban, et c’est tout !

 

C’est plus loin dans le bulletin que l’on apprend qu’il y a 3 salles : l’Oustaou per touti, la salle des expositions et la salle Pétrarque. On y détaille aussi les tarifs des locations à destination des Revestois et des extérieurs. Inauguration Oustaou per touti


Un article relate la cérémonie : P 6  initiatives culturelles

«  Ce fut une très belle journée. Il faisait beau, il y eut plus de 1000 invités présents, le ruban coupé, chacun attendit son tour pour découvrir cette « Maison des Comoni » dont on avait suivi toutes les étapes de construction en moins d’un an… Les « sœurs Théret » qui préfèrent qu’on les appelle Hélène et Rachel mais dotées toutes deux d’un grand art, d’une passion qui les unit…

 

Le « Cabinet des monnaies » où M. Lacroix, presque en queue de pie, assistait à l’apothéose de sa collection tandis que le public se pressait sur les cartes postales 1er jour que l’on pouvait glisser dans une grosse boite aux lettres… La « salle Pétrarque » (au fait qui c’est celui-là ? entendait-on de ci- de là) où l’on a aimé s’asseoir pour goûter de ces sièges confortables en écoutant quelques notes jouées par la Musique de la Flotte.

 

De la convivialité partout, qui a éclaté dans le jardin public où se jouait cette fois un « remake » de la Foire artisanale, chacun se promenant un verre de vin d’Alsace à la main.

Et puis, il y eut d’autres inaugurations, celles des apéritifs dans le hall le 18 juin, celle des galas de danse, auditions d’écoles de musique, etc.

 

Et puis il y eut Maréchal, le parrainage théâtral, et un superbe texte de Marcel Jouhandeau « lettres d’une mère à son fils »Marcel Maréchal

Avec (la voix de) Madeleine Renaud. Ça n’est pas demain qu’on reverra cela au Revest ! »

En effet  le 30 juin, le 1er spectacle a lieu dans la salle Pétrarque : « Lettres d’une mère à son fils » de Marcel Jouhandeau.

 

 

 

Si les Revestois ne fréquentent pas beaucoup la nouvelle structure, le bulletin n°34 de nov. /déc. 1990 fait écho de ce qu’en pensent ceux qui l’ont fréquentée comme ce Toulonnais dont le courrier est publié :

 

 

 

Paroles de toulonnais !

 

 

Le Revest sans éclat tapageur, sans psychodrame médiatique, devient un pôle d’attraction pour la frange la plus active et la plus curieuse de nos concitoyens : jeunes et moins jeunes, avides de nouveauté, d’expérience culturelle, d’émotions de qualité. Cette toute récente maison de la culture est bien prometteuse ; que ce soit pour les activités théâtrales (Borini-Festival J.Théâtre Maréchal-Marcel), les activités d’art plastique (Anton, Bentobji, Budonaro, Pourret, les sœurs Théret, etc.) ou les activités littéraires, historiques etc.
Un point commun : toutes ces prestations sont marquées du sceau de la qualité et de l’exigence artistique. Tout ceci dans un cadre à la fois agréable, fonctionnel et de l’avis de tous super-convivial.

La voie choisie par les responsables est difficile mais elle force notre admiration et pour le Toulonnais de base, que je suis depuis trente ans, notre convoitise. Heureusement que Le Revest n’est qu’à 15 minutes du centre ville de Toulon ; il se passe toujours quelque chose à la Maison des Comoni !


Gaston Lacreuse, Toulon

 

 

Et comme pour persuader les Revestois que cette salle est leur salle, que sa construction n’était pas inutile, du moins dans la forme choisie par les élus, ce même numéro publié donc au bout de 6 mois d’activités donne les premiers chiffres et espère en l’avenir :

« La Maison des Comoni en chiffres »


Théâtre : 8 spectacles (40 représentations 3500 spectateurs)
Expositions: 8 expositions de 15 jours environ chacune (3500 spectateurs)
Musiques : 5 concerts (1100 spectateurs) Sans compter les 2 galas associatifs, les 2 séminaires, les 3 soirées privées, les manifestations municipales axées sur le 3ème âge et les écoles. En 6 mois, 10.300 personnes ont été accueillies dans la Maison des Comoni. Voilà un bilan prometteur qu’il faut amplifier en 1991. La Maison des Comoni, c’est une équipe professionnelle à compter du 1er janvier 1991, c’est un esprit et une programmation artistique de qualité sans snobisme ni hermétisme, ce sont des artistes exigeants et généreux, c’est le public. Revestoises  et Revestois doivent être le premier public de la Maison des Comoni, peuvent être les premiers à en parler autour d’eux. C’est le vœu que nous formulons pour 1991.Programme des Comoni


L’année 1991 est celle de l’organisation et de la gestion des salles qui constituent l’ensemble.
Dans le bulletin n°35 de mars 1991, on apprend que la commune, l’Etat et le Conseil Général signent un contrat de 3 ans avec l’association « les 4 saisons du Revest » en vue de l’animation culturelle (théâtre, expositions, concerts, spectacles et autres activités).
En janvier 1991 un conseil d’administration de la Maison des Comoni est créé ainsi qu’une association de gestion qui comprend 9 membres.
L'équipe des Comoni
Dans une interview  présentée dans le bulletin, J. Fenassile , JC Grosse et A. Lacroix expliquent leurs objectifs et l’organisation de la gestion des salles ; Michèle Lissillour comme administratrice, JL. Grandchamp aux relations publiques, JC.Grosse et « les 4 saisons » pour la programmation théâtrale, les arts plastiques, les multi medias et Claude Demai et  «  l’association revestoise des Arts et Traditions de France » pour les autres manifestations. Enfin Armand Lacroix comme conservateur du cabinet des monnaies et du club d’initiation à la numismatique qui complète l’action de l’association du cabinet des monnaies

 


Piéfort de la  «Dardenne» datée de 1710 acquise par la mairie (bulletin nov./déc. 1990)Piéfort de la «Dardenne» datée de 1710 acquise par la mairie (bulletin nov./déc. 1990)

Dans son entretien du 29 avril 2015, J.Fenassile précise, 25 ans après, ses objectifs :
« Et je voulais surtout que tout ce qui se faisait dans la salle soit en relation avec les écoles »
En ce qui concerne les choix de programmation, JC. Grosse parle « d’audace et de prudence, de réflexion et de coup de cœur, de calcul et d’intuition » et il reconnaît « qu’un travail d’information est à faire sur le terrain ». Visiblement de l’incompréhension subsiste toujours entre quelques élus et une  certaine partie des villageois !
Les programmations se succèdent et aux élections municipales de 1995, Charles Vidal est réélu. Trois listes s’affrontent dont une, menée par JC. Grosse et J.Rullier qui illustre une certaine division au sein de l’ancienne équipe sur la politique culturelle.


Voilà ce qu’en dit J.Rullier interviewé le 23 avril 2015 :
« Le Revest aurait pu être comme Avignon et son festival  et sur le plan de la peinture ça aurait pu être Saint Paul de Vence. On avait pris des contacts avec Anthony Clavet de Saint Tropez et même Bernard Buffet.
Durant le mandat d’après, (1995/2001) ils n’ont pas suivi, même si Toulon Provence Méditerranée (TPM) est une bonne chose.

 

Entrée de la Maison des Comoni


Pourquoi avoir abandonné la biennale ? Le Revest a toujours été un lieu pour les artistes, la biennale ne coûtait pas cher. C’était une pépite. En 95 lorsque nous avons vu avec JC. Grosse que la liste du Docteur Vidal n’avait plus les mêmes ambitions, nous avons monté notre liste «  Revest Passion » avec JC. Grosse, pour défendre le projet culturel  au niveau du théâtre et de la peinture. Mais 27% des suffrages, ce n’était pas suffisant. Charles Vidal a été élu. »

Charles Vidal meurt en décembre de cette même année et J. Fenassile devient Maire.
JC Grosse précise ses relations avec le nouveau maire dans son entretien du 5 mars 2015 :
« Concernant la Maison des Comoni, le Conseil Général et l’tat maintenaient leurs subventions mais le nouveau maire souhaitait une double programmation, une programmation plus « élitiste » dont j’étais toujours chargé et une autre plus accessible que le maire a confié à J.Loup Grandchamp, ancien chargé des relations publiques des 4 saisons. Ce dernier était payé par la mairie. Cette double programmation a duré 2 ans, peut-être un peu moins parce que l’Etat n’acceptait pas cette double programmation. » 

 


 Quant à J. Fenassile, elle explique ses choix culturels de l’époque :
« On voulait d’abord faire un 1er pôle  avec La Valette et La Garde avant de négocier avec Toulon dans le cadre de TPM car on avait peur de se faire avaler. Et on a été scène nationale,  pour un petit village comme Le Revest c’était exceptionnel. Le but c’était de faire bien sur le département, faire de l’excellence comme la Maison Tamaris Pacha qui n’est pas bien exploitée, la salle d’expo ne sert presque plus. On a eu de très belles expos, Sardi, Dufresne... On avait une réputation...
Le Théâtre Liberté n’existait pas à l’époque et Toulon n’est pas réputé pour sa culture. Nous, on a démarré en 90/91 ».


En 2003, les 4 saisons fêtent leurs 20 ans au moment où les Comoni deviennent équipement structurant de TPM en décembre et avec elle son instance de programmation. Ange Musso est maire depuis 2001. Et pour expliquer la place des Comoni aujourd’hui dans TPM et comme scène conventionnée, il faut revenir à l’histoire des 4 saisons du Revest car les 2 structures ont des histoires liées.


JC Grosse explique dans son entretien du 5 mars 2015 :

La Région a financé pendant plusieurs années pour que les 7 théâtres : Le Revest avec les Comoni, La Valette et le Théâtre Marelios, La Garde  et le Théâtre du Rocher, Le Pradet et son espace des Arts, Toulon – Le Comédia, La Seyne avec le Théâtre Apollinaire, Sanary et le Théâtre Galli, dont chacun avait sa spécialité,  fassent circuler les programmations. Sous le nom de « Réseau Scène(s) » de 99 à 2005 une véritable synergie s’est créée entre les directeurs qui subventionnaient un projet par an après un choix collectif. Un autre réseau, « Traverse »  de 94 à 98 regroupait les Théâtres de Draguignan, Grasse, Fos, Istres, La Seyne, Le Revest. Ce réseau était dédié à la diffusion de spectacles en dehors du Var mais toujours dans la même région.
Ce qui a fait la force des Comoni, c’était son ouverture à des formes nouvelles, à de jeunes compagnies, à d’autres structures. »


En 2004 Les Comoni passent à TPM et en même temps son instance de programmation « les 4 saisons ».

De son côté, J. Fenassile en qualité d’élue, d’abord comme adjointe à la culture puis comme maire, cherche aussi à se rapprocher des autres communes :

« (Ensuite) j’ai cherché à ce que les communes de la Valette, la Garde, le Pradet travaillent ensemble pour faire des pôles d’excellence. Nous avons créé une association entre les 4 pôles culture. »

 

En septembre 2004, le contrat qui liait JC. Grosse et les 4 saisons du Revest et TPM est rompu.

JC.Grosse explique dans son entretien le déroulé des événements qui vont faire de la Maison des Comoni un Pôle Jeune Public (PJP).
« J’ai essayé de négocier auprès des élus et de Valérie Paecht la directrice de la culture de TPM. La négociation a échoué. J’ai donc remis les clefs de la salle en décembre 2004. Mi-octobre, j’ai fait paraître une lettre ouverte  à 50 000 exemplaires, très politique.
Pour moi, les effets de cette lettre sont réels car à la suite de sa parution, TPM s’est demandé ce qu’ils allaient faire des Comoni. Au départ, la salle devait devenir une salle de répétition pour l’Opéra de Toulon et l’Orchestre régional.
En décembre 2004, Valérie Paecht  a téléphoné au directeur du Théâtre de Draguignan (Liberto Valls) pour savoir ce qu’il en pensait. Liberto Valls a proposé que Les Comoni deviennent un lieu dévolu à la jeunesse et à l’enfance. Valérie Paecht a  proposé l’idée à la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) qui a préféré que ce soit une scène extérieure au département qui s’en occupe à savoir l’espace MASSALIA de Marseille (Philippe Foulquier). Celui-ci  a accepté après m’avoir téléphoné.  Dès 2005, la programmation de la maison des Comoni a été réorientée et c’est Patrice Laisney, son directeur adjoint qui en a pris la direction. Grâce au niveau d’exigence conservé, les Comoni sont devenus une scène conventionnée DRAC.


Finalement, ça s’est bien continué pour les Comoni. Le travail fait par les 4 saisons explique que la DRAC ait tout fait pour garder ce lieu comme un lieu de création. Les objectifs de TPM étaient la diversité de la programmation, l’essaimage sur le territoire et l’augmentation de la fréquentation.

 La maison des Comoni appartient à la commune, TPM s’occupe de la gestion (entretien des bâtiments, personnels, rénovation…) et délègue (délégation de pouvoir public) à l’association PJP  et à son directeur Philippe Laisney, ancien directeur adjoint de Massalia, la programmation de la salle. »

 

Le Maire actuel Ange Musso , interrogé à ce sujet explique :


« Aujourd’hui, TPM est en charge de la gestion de la Maison des Comoni à hauteur de 450 000€ environ. La Mairie paie chaque année le transfert de charge qui était  celui attribué à la structure au moment de son transfert soit environ 90 000€. La subvention de TPM pour Le PJP est d’environ  210 000 € par an. Le département  et la DRAC sont les autres financeurs.
L’association «  les 4 saisons » était plus ouverte sur les professionnels du spectacle. Marseille a assuré la transition. Maintenant, c’est une association locale, le PJP qui gère la programmation avec son directeur Patrice Laisney.

 

De 94 à 2001, je n’étais pas encore élu mais j’assistais aux différentes réunions en Les 10 ans du Pole Jeune Publicqualité de directeur de cabinet, il a fallu défendre les subventions au Conseil Général. Il y a eu beaucoup de débats avec de vraies divergences au sein du conseil municipal. Sur la façon de gérer entre autres. C’était assez compliqué pour ceux qui utilisaient la salle. Certains voulaient revenir à une salle polyvalente. Aujourd’hui le Pôle Jeune Public  est reconnu. Le café théâtre c’est complémentaire. Cela permet une ouverture sur d’autres types de publics. Au bar  quand on parlait de la maison des Comoni on disait la « maison des conneries ». Les relations de la Maison des Comoni et des villageois n’étaient pas terribles. Mais il y avait une vraie qualité culturelle reconnue par l’Etat. Et l’image de la maison a changé. La coupure avec le village n’existe plus. »

Une histoire bien mouvementée, remplie de passions, de déceptions, d’occasions manquées pour certains mais  qui se termine bien puisque, 25 ans plus tard, la Maison des Comoni existe toujours. 


 Nous sommes allés voir Patrice Laisney le 22 avril 2015 pour l’interroger à propos du Pôle Jeune Public aujourd’hui. Il nous a reçus avec Cyrille Elslander  son directeur adjoint (ancien médiateur culturel des 4 saisons).

 

Le PJP  a débuté il y a 10 ans en 2005. C’est un lieu de création, vrai engagement culturel dans un village gaulois.
Avant j’étais le directeur adjoint du théâtre Massalia à Marseille. Je connaissais JC. Grosse, il venait pour voir des metteurs en scène et pour organiser les mardis des enfants.

TPM et la DRAC m’ont sollicité  sur l’idée d’un pôle jeune public en décembre 2004 et le premier spectacle a eu lieu en février 2005. Pour la 1ère saison, on a donné le ton et on a fait venir des grandes pointures européennes. C’était un peu compliqué pour moi par rapport à ma façon de communiquer, par rapport au fait que je succédais à JC. Grosse,   vis-à-vis du milieu du théâtre et parce que je venais des Bouches du Rhône, même si je suis toulonnais.

Le pôle a un rayonnement sur l’ensemble de l’agglomération, il faut être présent dans toutes les communes y compris dans les crèches. On part du Revest et on va ailleurs. Le PJP représente environ 35 000 spectateurs par an. Ça fait connaitre le village.
 Un des enjeux est de faire venir les familles. Les gens aiment bien l’ambiance des Comoni, il y a des pots à la fin du spectacle. Aujourd’hui on a la confiance du public et on a une très grande liberté par rapport à TPM. Lors de la 1ère saison  nous avions programmé: « Ado missile » qui était un  spectacle osé.

Il faut un équilibre dans la programmation et on travaille sur 11 communes. C’est un travail de territoire. On aborde tous les sujets ; la mort, l’intégrisme, la sexualité, la guerre… mais aussi des divertissements comme des contes ou du cirque.  Nous organisons  de 40 à 50 spectacles par an. Peu à peu la vision des gens change, les parents se sentent concernés, même les papas ! Quels ont été les bons moments en 10 ans ? Les rassemblements des vieux gréements en 2007 et 2013, gros spectacles de rues à Toulon que nous avons organisés. On amène le spectacle auprès des citoyens, c’est une démarche populaire. De même nous organisons des spectacles de fin d’année avec les écoles du Revest comme «  Docteur Jekkil et Mister Hyde » il y a 5 ans, sur de la musique contemporaine !
L’année prochaine nous assurerons la programmation de La Garde, La Valette, Le Pradet, Saint Maximin, La Seyne.
En 10 ans, il y a 3 fois plus de Revestois présents et les écoles du Revest en profitent largement.

Depuis 3 ans nous sommes scène conventionnée. C’est un label signé pour 3 ans avec l’Etat pour l’enfance et la jeunesse. Il y en a 20 en France dont Le Revest et c’est une vraie reconnaissance du travail que nous faisons sur le territoire. Cette année, nous demandons le renouvellement  du label et nous attendons la réponse pour les années 2015/16/17. Nous sommes en outre un centre de ressources territorial auprès des enseignants, des communes, pour élaborer des propositions.

Il y a 12 personnes qui travaillent au PJP : 7 administratifs et 8  personnels techniques. Le personnel est en partie pris en charge par TPM.

Si j’ai un mauvais souvenir ?  Je me souviens d’une soirée de l’Insolite avec un repas pour 150 personnes prévues mais ce soir là il y a eu de la neige au Revest. 80 personnes sont venues quand même mais on a eu un peu peur.
Le développement du pôle a été fulgurant. Gilles Caillaud, installé à la Valette comme artiste en résidence sous l’incitation du PJP  fêtera sa 600ème du « Tour complet du cœur » en juin au Revest pour les manifestations organisées pour les 25 ans le la Maison.

Un bel anniversaire !

Le PJP c’est aussi 350 bus affrétés par an pour l’ensemble de la communauté d’agglomération, ils sont financés par TPM. Mais la salle des Comoni est aussi mise à disposition pour les repas des anciens  par exemple. Nous travaillons dans l’intérêt communal.


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