Recherches - Les Comanes


Sources : Encyclopédie de l'arbre celtique

Les peuples celtes
 Nom latin:  Commoni (hyp.) / Comani / Comaci
 Nom grec:  Κομανοὶ
 Etymologie:  Les bienveillants
 Localisation:  Entre la chaîne de l'Estaque et la rive gauche de l'Argens.

Comanes - Cité de la province de Gaule narbonnaise mentionnée au Ier s. av. J.-C. par Varron (Économie rurale, II, 4, 10) sous la forme Comacinae (var. Comatinae), dans la seconde moitié du Ier s. ap. J.-C. par Pline (Histoire naturelle, III, 36) sous la forme Comani (var. Comaci, Commani, Cumani), puis au milieu du IIe s. ap. J.-C. par Ptolémée (Géographie, II, 10, 5) sous le nom de Κομανῶν (génitif pluriel, supposant le nominatif pluriel Κομανοὶ). Cet ethnonyme est communément latinisé en Commoni, bien qu'aucune attestation antique ne vienne confirmer l'existence de cette variante. D'après Ptolémée, les villes de Μασσαλία / Massalia (Marseille), Ταυροέντιον / Tauroentium (Le Brusc), Κιθαριστὴς / Citharista (La Ciotat ?), Ὀλβία / Olbia (Saint-Pierre-de-l'Almanarre) et Φόρος Ἰουλίου / Forum Iulii (Fréjus) se trouvaient sur son territoire (ou du moins sur le littoral qui le borde). Leur territoire s'étendait donc le long du littoral méditerranéen, entre la chaîne de l'Estaque et la rive gauche de l'Argens. Cet ethnonyme est gaulois, on y reconnaît le préfixe co- / com- "avec / ensemble", associé à -mãnos "bon". Le nom de ce peuple pourrait donc se traduire par "les bienveillants". Il est intéressant de noter qu'ils étaient les parfaits homonymes de Comanus (fils et successeur de Nannus), roi légendaire des Ségobriges ayant tenté de détruire Massalia selon Trogue Pompée (cité par Justin, Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée, XLIII). La similarité de ces deux noms, dans le voisinage immédiat de Marseille, ne doit certainement rien au hasard, mais rien ne permet de préciser la nature du lien entre le roi légendaire et le peuple du même nom. Le nom de ce roi a-t-il été construit à partir de cet ethnonyme ? Les Comanes tiraient-ils leur nom de celui de cet ancien roi héroïsé ? Cette dernière question se pose d'autant plus que le nom des Ségobriges n'est évoqué que dans les mythes relatifs à la fondation de Massalia et ne fut plus mentionné par la suite.

 La plus ancienne mention connue de ce peuple remonte à l'Économie rurale de Varron, ouvrage dans lequel nous apprenons qu'au Ier s. av. J.-C., ils exportaient d'importantes quantités de charcuteries à Rome, où elles étaient particulièrement appréciées (Économie rurale, II, 4, 10).

 Au cours du dernier quart du Ier s. ap. J.-C., Pline a mentionné les Comanes dans son énumération des oppida latina de Gaule narbonnaise (Histoire naturelle, III, 36). Ce statut particulier octroyé à certaines localités, spécifique à cette province, aurait été accordé à plusieurs dizaines d'oppida indépendants dans la seconde moitié du Ier s. av. J.-C. L'oppidum des Comanes n'est pas localisé.

 Entre la fin du Ier s. ap. J.-C. et le milieu du IIe s. ap. J.-C., les cités de Gaule narbonnaise furent largement réorganisées et dans ce cadre, celle des Comanes fut considérablement aggrandie. En effet, l'extension du territoire des Comanes dont témoigne Ptolémée (Géographie, II, 10, 5) implique qu'ils ont absorbé les Camatulliques (entre les monts Toulonnais et le massif des Maures), les Sueltères (Est du massif des Maures) et le territoire de l'oppidum latinum des Bormaniens (région de Bormes-les-Mimosas).

 Par la suite, le territoire que Ptolémée (Géographie, II, 10, 5) attribue aux Comanes fut intégré dans trois cités distinctes : les environs de Marseille devinrent la cité des Massilienses, les territoires des Camatulliques et des Bormaniens furent rattachés à la cité des Arelatenses et celui des Sueltères à la cité des Foroiulienses.


Références

Pline, Histoire naturelle, III, 36-37 : "Dans l'intérieur des terres, colonies : Arles de la sixième légion, Béziers de la septième, Orange de la seconde ; dans le territoire des Cavares, Valence, des Allobroges Vienne ; villes latines : Aix des Salluviens, Avignon des Cavares, Apta Julia des Vulgientes, Alébécé des Reies Apollinaires, Alba des Helves, Augusta des Tricastins, Anatilia, Aeria, les Bormanni, les Comani, Cabellio, Carcasum des Volques Tectosages, Cessero, Carpentorate des Mémines, Ies Caenicenses, les Cambolectres, surnommés Atlantiques, Forum Voconii, Glanum Livii ; les Lutevans, appelés aussi Foroneronienses ; Nîmes des Arécomiques, les Piscènes, les Rutènes, les Samnagenses ; Toulouse des Tectosages, sur la frontière de l'Aquitaine ; les Tascons, les Tarusconienses, les Umbraniques ; les deux capitales de la cité des Vocontiens alliés, Vasio et Lucus Augusti ; dix-neuf villes sans renom, de même que vingt-quatre attribuées à Nîmes."

 

Varron, Économie rurale, II, 4, 10 : "La charcuterie des Gaules a toujours été renommée pour l'excellence et la quantité de ses produits. L'exportation considérable de jambons, de saucissons des Comacines et des Cavares et autres confections de ce genre, qui se fait annuellement de ce pays à Rome, témoigne de leur supériorité comme goût."

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