Recherches - Dictionnaire de Provence 1835


Source : Dictionnaire historique et topographique de la Provence ancienne et moderne par E. Garcin, Draguignan, 1835.

Revest (Le). Dardennes : Village à 2 lieues de Toulon son chef d'arrondissement et de canton. C'est là où, selon toute apparence, se trouvait le chef lieu des Commoni, peuple celto-lygien qui occupait le littoral depuis le pays des Bormani jusque près de Marseille, ou du moins jusqu'au Bec-de-l'Aigle, promontoire à l'ouest du golfe des Lecques. Nulle situation dans la contrée n'était plus convenable pour une bourgade celto-lygienne. Exposition en amphithéâtre, abritée de tous les vents, à portée d'une belle source, d'un retranchement naturel sur la hauteur de Notre-Dame, d'une vaste forêt très-giboyeuse, et de la mer, où l'on pouvait se livrer à la pêche et à la piraterie.

 

Cette population agglomérée ne manqua pas d'attirer des familles romaines dans le pays. L'abondance et la pureté des eaux suggérèrent aux Romains d'établir, peu au-dessous de la source, une teinturerie, à laquelle on donna le nom de Telo-Martius. Ce fut à cette occasion que l'on construisit sur la hauteur un poste, où des Sextumvirs Augustaux étaient chargés de la garde des eaux. De ce poste il existe encore une tour carrée très-solide, et un corps de garde entre la tour et la source dite de la Foux. Selon les apparences, la teinturerie se trouvait près du château des Dardennes, où l'on voit encore plusieurs usines, notamment une filature pour le coton, et la plus belle scierie à marbre du département.

 

La fondation de la ville de Toulon au fond du golfe voisin dût enlever beaucoup d'habitans au premier Revest. Le petit nombre qui y resta ne put empêcher les barbares africains de s'en emparer et de s'y établir, pour exploiter les mines de galène argentifère qui se trouvent au quartier du Caoume. On en trouve encore des scories au quartier de Chamberi, où ils avaient établi leurs fonderies. Le nom de Chamberi ne serait-il pas une corruption de campus belli ? Ce nom lui conviendrait parfaitement, à cause de sa belle situation et de son magnifique point de vue. Un autre amphithéâtre en face du corps de garde romain, est encore appelé le camp. Des troupes ont pu y camper avec sécurité et y jouir des belles eaux de la Foux et du Ragage., sorte de fontaine intermittente qui sourd d'un abîme dont on n'a jamais pu mesurer la profondeur.

 

En 1707, le prince Eugène de Savoie (qu'il ne faut pas confondre avec Victor Amédée, duc de Savoie), commandant un corps d'armée, s'était retranché sur les hauteurs du Revest, au quartier de Campus-Belli. Les consuls du village se voyant chaque jour en proie aux détachemens des Savoyards, demandèrent au prince une sauvegarde, sous la condition qu'ils la paieraient et la nourriraient. Un parti français ayant surpris ce poste, l'enleva, sous le prétexte qu'il n'avait pas été établi dans les formes, et amena tous les soldats prisonniers dans Toulon. Eugène, furieux de cet événement, s'en vengea contre le village qu'il livra aux flammes.. Le nouveau château fut épargné ; mais l'ancien, qui renfermait la tour romaine, n'a jamais pu se relever de ses ruines.

 

Turris ou Tourris dépend du Revest ainsi que l'ancienne Valette, dont on voit encore des vestiges sur la hauteur. Les pyrites ferrugineuses ou cuivreuses sont très-abondantes dans le territoire. La principale production est l'huiled'olive. Cependant, il y a une multitude de petits jardins et de vergers très-agréables, arrosés par une quantité de petites sources qui naissent à tous pas sur la hauteur. Celle de la Foux fournit aux engins et à toutes les fontaines du territoire et de la ville de Toulon. Pop. 670 hab.


Index |Info | Permalien
PDF-Imprimer-Mail